Marie-Sophie Lesne, Vice-Présidente du Conseil Régional des Hauts de France.
Les courses hippiques, quels apports dans l’économie régionale ?
Après l’interview du Vice-Président du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire, André MARTIN, au cours duquel il a répondu aux questions du CIFCH sur « l’apport économique du secteur courses dans leur territoire », nous vous proposons aujourd’hui l’analyse de Marie-Sophie LESNE Vice-Présidente Chargée de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la pêche.
La France et les chevaux c’est une histoire et un patrimoine. C’est OURASI, JAPPELOUP, SEA-BIRD, ce sont nos Boulonnais qui transportaient le poisson jusqu’à Paris, ou les Traits du Nord qui cultivaient la terre ou entraient dans les puits de mine avec les hommes. Qu’il soit galopeur, trotteur, selle Français, Boulonnais ou Trait du Nord, c'est un concentré de patrimoine génétique fabriqué au fil du temps.
Tout ce vécu, tout ce savoir-faire, toute cette sélection génétique et toutes ces passions doivent être préservés. C’est l’un des objectifs de notre « plan stratégique de développement et rayonnement du cheval et de ses usages », véritable outil de valorisation du patrimoine vivant et de la filière dans les politiques régionales. La meilleure façon de les aider à passer les époques est de rendre vivante la conscience de la richesse et du potentiel qu’ils représentent en terme économique, patrimonial et humain. Nos hippodromes sont importants de ce point de vue, car ils restent des lieux de rencontre directs entre les spectateurs, et les professionnels et surtout les chevaux.
Quel apport de la filière hippique en termes d’économie ?
Les activités liées à la filière équine couvrent l’essentiel du territoire des Hauts-de-France. Elles représentent plus de 7 730 emplois pour 3 100 entreprises non délocalisables. Son chiffre d’affaires est en augmentation de +5,7% entre 2009 et 2014 (données du dernier observatoire régional) malgré une diminution du nombre d’entreprises de 9%. Il représente 405 Millions d’euros répartis dans les différentes activités : 10 % élevage, 58% utilisation d’équidés, 32% services.
Notre région compte aujourd’hui quelques sites majeurs où le cheval est un vecteur économique important. Les hippodromes représentent des structures emblématiques historiques aux renommées internationales, notamment pour les courses de plat, obstacle et de trot. En chiffres, la filière hippique représente 11 sociétés de courses, 182 réunions en 2019, 560 millions d’euros dans les points de vente PMU en 2018, ainsi que 147 entraîneurs dont 100 entraîneurs de chevaux de galop et 47 en trot.
Quel apport en termes d’attractivité ?
La région dispose d’une école de courses hippiques de l’AFASEC, dont le campus de Gouvieux se trouve au cœur du plus grand centre d’entrainement de chevaux au galop de France. Avec son écurie d’application, l’AFASEC dispose de tous les atouts nécessaires pour former des jeunes aux métiers des courses. De nombreux jockeys récompensés par la Cravache d’Or (la plus haute distinction pour un jockey) se sont formés à Gouvieux, tel que Christophe SOUMILLON.
Dans la région se trouvent également les hippodromes des Princes de Condé à Chantilly, véritable référence internationale, et celui de la Thiérache à La Capelle, hippodrome de trot reconnu « pôle d’excellence rurale ».
Quel apport des hippodromes en termes d’image ?
C’est à l’hippodrome de Chantilly, site de 65 hectares situé à proximité immédiate du château de Chantilly, que se tiennent depuis 1836 le Prix du Jockey-Club pour les mâles et femelles, et depuis 1843 le Prix de Diane pour les femelles. Ces deux épreuves sont des courses de plat aux renommées internationales s’accompagnant d’un focus médiatique important grâce aux transmissions télévisuelles. L’hippodrome de la Capelle est quant à lui le seul hippodrome en Europe à disposer des appellations « pôle d’excellence rurale » et « pôle européen du trot ».
J’ai toujours été frappée de l’impact physique, très impressionnant qu’ont les chevaux sur les hommes. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que le cheval est la plus belle conquête de l’homme. C’est toujours aussi vrai et ce contact est vital, car il nourrit les sens. Les hippodromes sont des lieux de brassage social où l’on a des décharges d’adrénaline et de bonheur à côtoyer les chevaux qui par leur performance contribuent au développement de l’élevage des races de course. Ils recueillent aussi les paris dont 0,1 % du produit des enjeux hippiques est reversé à la Ville et à la Communauté urbaine et créent l’émulation, souvent dans une ambiance champêtre et conviviale qu’il faut préserver.
Quel apport en termes d’attrait touristique ?
Les deux hippodromes de Chantilly dans l’Oise et de La Capelle dans l’Aisne ont une forte visibilité dans le monde hippique et attirent de nombreux visiteurs chaque année. Ainsi, l’hippodrome de Chantilly peut accueillir 30 000 spectateurs dont 2 300 dans les tribunes en places assises. Il est habituellement fréquenté par 40 000 visiteurs par an. L’hippodrome de la Capelle est lui fréquenté par 30 000 personnes chaque année, et son champ de courses originel s’est hissé au niveau des plus prestigieux hippodromes français.
Aux côtés de ces deux hippodromes, neuf autres sites jalonnent le territoire des Hauts-de-France, à Abbeville et Amiens dans la Somme, Arras, Berck sur Mer et Le Touquet dans le Pas-de-Calais, Compiègne dans l’Oise, Laon dans l’Aisne, Le Croisé-Laroche, et Saint-Omer dans le Nord.