Isabelle Wojtowiez, Maire de la Ville de Chantilly (60)

Isabelle WOJTOWIEZ

Maire de la Ville de Chantilly

« Les courses hippiques, quels apports dans l’économie régionale ? »

Dans la série des Interviews d’Élus de la république, nous vous proposons aujourd’hui l’analyse de Isabelle WOJTOWIEZ, Maire de la Ville de Chantilly, qui répond à la question : Quel est l’apport économique du secteur courses sur les territoires ?

Chantilly est une ville de 11 000 habitants située dans le sud de l'Oise, dans la région des Hauts-de-France. Nichée au cœur d’un massif forestier de plus de 6 000 ha, la ville est idéalement située à proximité de Paris et des grandes voies de communication. Née du château et de la volonté des Princes, la ville de Chantilly s’est progressivement développée au cours du XVIIIe siècle et garde de cette époque un patrimoine d’exception. Au XIXe siècle, c’est ensuite l’activité hippique qui a façonné la ville autour de l’hippodrome des Prince de Condé et de la gare de Chantilly.

Quels atouts représentent l’hippodrome de Chantilly et les écuries de courses sur votre ville et votre territoire ?

Chantilly ne peut être envisagé sans le cheval. Tout notre territoire est tourné vers cet animal qui est le centre de notre économie, un pilier de notre histoire, une activité marquant nos paysages et notre architecture, un atout touristique incontournable, une source d’inspiration artistique et un de nos plus beaux ambassadeurs à travers le monde.

au niveau économique et en terme d’attractivité ?

Au tournant du XIXe siècle, le cheval a véritablement sauvé Chantilly. Après la Révolution française et le départ des princes de Condé, la ville de Chantilly, privé de son « poumon économique » connu une sombre période, à peine adoucie par quelques expériences manufacturières. Alors, quand en 1834 après une première course improvisée entre gentlemen, l’hippodrome fut créé, entrainant avec lui l’installation d’écuries, de métiers liés au cheval mais aussi la création d’hôtels et de restaurants pour accueillir la foule des turfistes, Chantilly bénéficia d’un regain d’activité salvateur. Le cheval était d’ailleurs la seule activité possible à Chantilly dont le foncier était -et est d’ailleurs toujours- marqué et sanctuarisé par la présence du château de Chantilly, de son parc et de sa forêt. L’activité hippique a su se glisser dans ce paysage protégé, utilisant ses atouts comme par exemple les grandes pistes sablées en forêt. Aujourd’hui encore, il n’y a ni zone industrielle, ni zone artisanale, ni zone commerciale à Chantilly. L’activité économique tourne autour du cheval et du tourisme.

Les chiffres parlent d’eux même :

FRANCE GALOP (société mère des courses au galop) à Chantilly comprend 80 permanents et une trentaine de saisonniers (batteurs de pistes, conducteurs d’engins, professionnels de pistes engazonnées, surveillants d’entraînement…) qui s’occupent d’un domaine de 2 000 hectares sur lesquels sont répartis 120 hectares de piste en gazon, 120 kilomètres de piste en sable (dont les pistes en sable fibré), 12 kilomètres de pistes d’obstacle jalonnées par 100 obstacles, une piste en copeaux et une piste en dirt. Le monde des courses génère 2000 emplois indirects (soit 10 % des emplois de la Communauté de Communes de l’Aire Cantilienne) dont 110 entraîneurs, 1000 cavaliers d’entraînement, 160 jockeys, ainsi que les maréchaux ferrants, selliers, vétérinaires, transporteurs de chevaux, exploitants agricoles, concessionnaires d’engins agricoles… France GALOP Chantilly est aussi le premier centre d’entraînement européen accueillant plus de 2300 chevaux à l’entraînement. 70% des chevaux qui courent sur les hippodromes français sont entraînés à Chantilly. Les cracks entraînés à Chantilly participent à toutes les courses internationales (Angleterre, Irlande, Etats-Unis, Australie, Hong-Kong, Singapour, Japon, ou encore Dubaï).

Lorsque dans les années 1990, l’hippodrome a failli fermer c’est tout un territoire -élus, entraineurs, mécènes privés et habitants- qui s’est soulevé et mobilisé pour sauver et moderniser le champ de course. Aujourd’hui, ce sont plus de 300 courses qui sont organisées chaque année de janvier à décembre.

Quel est l’apport de l’hippodrome en termes touristique ?

Oserais-je vous dire que Chantilly est le plus bel hippodrome du monde ?! Situé en plein cœur de ville, bordé par la forêt, le château et les Grandes Ecuries, dans un cadre exceptionnellement préservé, il est la « carte postale » de Chantilly dans le monde entier !  Et chaque année, le prix du Jockey Club et le prix de Diane attirent des dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier. L’hippodrome est aussi tout au long de l’année un lieu de séminaires et d’évènements qui le font vivre et connaitre. A notre époque, marquée par le besoin de nature, de grands espaces et « d’expériences », l’hippodrome est, avec le château et la forêt, notre plus bel atout touristique.

Quel est l’apport de l’hippodrome termes d’image ?

Comme d’autres villes françaises, Chantilly s’est autoproclamée « Capitale du cheval ». Mais ce n’est pas qu’un slogan touristique, reflet de l’activité du champ de courses, car la présence du cheval à Chantilly va bien au-delà de la seule économie hippique. Le lien très fort entre Chantilly et le cheval est inscrit depuis des siècles dans l’histoire de notre ville. Les Grands Ecuries, construites entre 1719 et 1740 en sont le symbole architectural. Les princes de Condé pouvaient alors y accueillir plus de 200 chevaux pour leurs déplacements, les besoins de la guerre et aussi la chasse à courre alors très prisée à Chantilly.  Le décor sculpté de l’édifice est une véritable ode à cet animal. Le musée du Cheval et les spectacles équestres qui y sont aujourd’hui présentés illustrent de manière poétique cette histoire entre l’homme et le cheval. Forte de cette réputation et de ces équipements, la ville et l’ensemble de la communauté de communes ont ainsi attiré d’autres activités équestres comme le Polo club à Apremont (plus grand polo club d’Europe continentale), le jumping de Chantilly mais aussi une écurie Henson pour la balade, inscrivant ainsi les pratiques équestres dans le paysage cantilien.

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